Vérification faite, c’est faux : à certainement quelques exceptions près, les ressortissants de l’Empire du Milieu qui franchissent le seuil de N’Djili ont un sésame visé par l’ambassade de RD
Congo en Chine. Il y aussi l’histoire de « l’officier supérieur giflé ». Dans une boutique du rond-point Victoire « tenue par des Chinois » où, pour quelques centaines de francs congolais, il
est possible de devenir propriétaire d’une paire de babouches dorées et d’une lampe à pétrole, l’acheteur galonné rapporte un lot de cadres qu’une fois rentré chez lui, il a découverts abîmés.
Ce jour-là, il est détendu, il fait ses courses comme vous et moi et porte donc une tenue civile. Agacé et la main leste, le jeune vendeur - chinois d’après le rapporteur de l’anecdote - lui
décoche une claque. Mais alors, une belle claque, si nette qu’une foule émue de badauds se constitue immédiatement. Patriotisme oblige, elle prend fait et cause pour l’insigne victime et
saccage la boutique. Autre conteur, autre version : le gradé ne rapportait pas des cadres mais discutait le prix d’une montre ; la police, aussitôt prévenue, a empêché la mise à sac du magasin
grâce à un efficace cordon de sécurité ; le coupable est aujourd’hui derrière les barreaux. Autre variante, mais pas des moindres : contre toute logique, c’est le giflé qui est en prison à
l’heure actuelle ; la preuve que, « dans notre pays », les Chinois sont « protégés ». Quel que soit le sort du "vendeur chinois", il est plus enviable que celui de cette compatriote, la pauvre
vendeuse de beignets : à 100 francs congolais la pièce, ses petits pains à l’huile étaient roboratifs comme il faut. Mais ils étaient aussi deux fois moins chers que ceux de ses concurrentes
congolaises. Elles n’ont pas digéré, l’ont terrifiée et, au bout compte, la Maman chinoise a été obligée de remballer sa marchandise. Pis, dans le quartier où elle était censée sévir, tout le
monde en a eu vent de la tragédie mais personne ne peut confirmer ! Alors, à celui qui veut saisir un peu de ce que sont les relations ente Chinois et Congolais à Kinshasa, il reste le
conditionnel, le deuxième, voire le dixième degré, et beaucoup de travail…
Marianne Meunier - J.A.